Définition et variantes[modifier]
Les caftans sont définis par un certain nombre de points communs : ils sont longs et souvent amples, droits ou légèrement croisés, à manches longues ou mi-longues, sans col ou capuche et ouverts en leur milieu, sur toute leur longueur (avec ou sans boutons). Toutefois, chaque nation ou peuple ayant intégré le caftan dans son patrimoine vestimentaire a donné à celui-ci sa touche propre au niveau de la coupe, des tissus, des couleurs, des broderies, des ornementations et des motifs, d'où l'apparition de caftans perses, moghols, vénitiens, ottomans, slaves ou marocains.
Ces tuniques auraient été portées initialement par les hommes puis adoptées par les femmes au
Maroc; ils ne sont pas au départ des vêtements destinés aux cérémonies de
mariage.
L'expansion géographique de l'
islam a contribué à sa propagation et à ses transformations progressives au cours des siècles et en fonction des pays et cultures. L'actuel
monde arabo-musulman a ainsi toujours été traversé par des
caravanes commerciales ramenant avec elles des produits variés ; le
pèlerinage à
La Mecque, cité qui était déjà avant l'arrivée de l'islam une ville d'échanges commerciaux et de pèlerinages, intensifie encore les rencontres et échanges entre des peuples venant d'Asie, d'Orient, d'Afrique ou d'Europe. Cependant, l'islamisation n'implique pas que tous les peuples convertis ont adopté d'office le caftan, dont les compositions diffèrent selon les positions hiérarchiques et sociales ; des populations ou certaines ethnies
berbères ont ainsi conservé leurs habits traditionnels.
Peu à peu, les anciennes nations productrices de caftans les ont délaissés au profit d'autres tenues à la mode, souvent celles de la puissance culturelle dominante. En revanche, les caftans hérités des Mauro-Andalous installés au Maroc perdurent dans ce pays où des artisans de
Meknès,
Fès,
Tétouan et
Rabat gardent le savoir-faire nécessaire à leur fabrication ; les premiers écrits marocains mentionnant le caftan dateraient du
xvie siècle. De nos jours, le terme est utilisé pour qualifier un long vêtement d'apparat traditionnellement porté par les femmes marocaines et revisité par des stylistes permettant à cette tunique de revivre sous de nouvelles formes.
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Alim Khan, dernier émir de
Boukhara, en caftan ouzbek (photo de 1911)
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Méhémet Ali, vice-roi d'Égypte, en caftan ottoman (1840)

Ancien modèle de caftan marocain, inspiré de modèles algériens
L'originalité des caftans
marocains tient de ses différents origines, tout d'abord
romaine et par la suite
Andalousie mauresque où les élites arabo-musulmanes de l'empire omeyyade ont apporté à partir du
ixe siècle des caftans masculins d'origine
perse, entre le
ixe et le
xve siècle.
De la tradition à la modernité[modifier]
Le caftan, nommé aussi
takchita dans sa version légère et moderne, est l'un des divers composants du patrimoine vestimentaire marocain. Contrairement au
takchita, le terme de caftan demeure l'appellation utilisée pour désigner l'habit traditionnel. Le caftan
marocain est unique au monde grâce tout d'abord à ses origines à la fois
romaine, de l'
Andalousie Mauresque mais aussi grâce au génie artisanal marocain comme dans les grandes villes de
Fès d'où est originaire la lebsa dial joher, robe pour les princesses
mauresques (marocaines),
andalouses ou encore
kairouanaises ainsi que
Marrakech et son inspiration afro-berbère mais aussi
Tetouan avec la Keswa Lakbira ou encore la Chedda Chamalia et
Rabat avec sa labsa Lalla Moulati. Toutes les broderies, les ethnies et la culture marocaine ont amené le caftan à se faire une place à part entière dans le monde de la mode et à être le seul à encore exister dans le patrimoine arabo-musulman.
Aujourd'hui c'est le caftan marocain qui domine le monde arabe : c'est la robe préférée des femmes arabes
aussi bien en Algérie où le caftan a dépassé la robe fergani chez les femmes de Constantine[réf. nécessaire], à
Dubaï où les créateurs reprennent la gandoura et le caftan avec leurs broderies propres, mais aussi en Tunisie, en Égypte, au Liban et même en Turquie.
Les caftans portés par les sultans ottomans constituent l'une des collections principales du
palais de Topkapı à
Istanbul. Certains d'entre eux, extrêmement précieux, étaient employés comme récompenses pour les services rendus par les plus importants notables et par les généraux victorieux à l'occasion de festivals religieux.
Les caftans ottomans sont fréquemment
brodés sur l'avant et sur les
manches. Une codification stricte, par certains aspects semblable à l'
héraldique, existe concernant les décorations,
motifs,
rubans et couleurs qui correspondent au rang du porteur. Au
xive siècle, les motifs sont étendus et les couleurs sobres mais ces caractéristiques évoluent pour devenir respectivement plus fins et plus brillantes. L'art des caftans culmine vers la seconde moitié du
xviie siècle avec les tissus de type
Selimiye aux larges bandes verticales et aux minutieuses broderies.
Les tissus sont principalement produits à Istanbul et
Bursa quand ils ne sont pas importés de
Venise,
Gênes, la
Perse, l'
Inde ou la
Chine. Chaque tissu possède des propriétés particulières et un nom différent :
velours,
taffetas mais aussi
bürümcük,
aba,
canfes,
gatma,
gezi,
diba,
kutnu,
kemha,
seraser,
serenk,
zerbaft et bien d'autres. Certaines couleurs sont plus utilisées que d'autres comme le bleu de Chine, le rouge de Turquie, le violet, le
pişmis aya, le coing cuit ou le jaune safran.
Lorsque en
1922,
Mustafa Kemal Atatürk, père de la
Turquie moderne, renverse le sultan ottoman, il souhaite rompre de façon radicale avec un pouvoir jugé archaïque et décadent. Sa volonté de rupture et de modernisation se traduit aussi par l'interdiction des attributs vestimentaires ottomans, tels que le caftan ou le
fez, au profit de tenues occidentales.
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Tenue d'Ottomans caucasiens (xixe siècle) de Syrie, Jordanie et Palestine
Mamelouk ottoman du Moyen-Orient en habit ordinaire (1779)